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BEETHOVEN

SCO

B E E T ÏI O V E N

’Fous les renseignements concordent pour faire diagnostiquer une entérite pseudo-membraneuse, ancienne, invétérée 1. Beethoven, qui n’a pas eu la sagesse ni les moyens de la soigner à temps, a pendant des années « fabriqué » des toxines ; et cette auto-intoxication a pu se porter sur les centres auditifs 2. Le terrain a été ainsi préparé pour la surdité.

Mais la vraie cause, directe et profonde, c’est dans le cerveau même de Beethoven qu’il la faut chercher. — Et ici, les observations du Dr Marage rejoignent, d’une façon frappante, les miennes :

« Les sujets, m’écrit le Dr Marage, chez lesquels se développe une surdité débutant par les sons aigus, sont le plus souvent des intellectuels surmenés... Toutes les jonctions sont normales, jusqu’au moment où apparaissent les bourdonnements et la surdité. L’ouïe de Beethoven avait été remarquablement fine jusqu’alors. Un organe hypersensible sera plus facilement attaqué par la maladie... L’oreille interne et les centres auditifs de Beethoven, hypersensibles et soumis à un travail intensif, surmenés, se sont congestionnés... » Or, j’avais, de mon côté, en étudiant l’essence du génie créateur de Beethoven, été saisi par l’aspect de <t concen- 1. Beethoven le savait bien : il l’appelle : « sa maladie habituelle » (Lettre de 1805 à Seb. Mayer : « J’ai depuis hier des coliques douloureuses (Kolihschmerzen, meine gewôhnliche Krankheit. *>) 2. Le Dr Marage m’a communiqué la fiche d’un curieux cas analogue : les troubles d’audition d’un ténor de l’Opéra, causés par intoxication intestinale, et qu’oD a pu guérir, au moyen d’un régime approprié.