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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

ajoute encore à la netteté de l’intention dramatique, c’est que, dans l’ouverture n° 2, cette fanfare vient, non de l’orchestre, mais de la scène et de loin. A cette apparition du Deus ex machina, qui résout la tragédie, répond, dans l’ouverture n° 2, la voix de Florestan, mais sous une lumière nouvelle, dans le revêtement de nouvelles harmonies : le prisonnier n’est plus enseveli dans la nuit, sa souffrance se fond, le bonheur vient, le bonheur est venu... Et la mélodie explose en un chœur de joie et de force qui débordent s l’éclatante Coda. Pour exprimer ce développement logique de l’action et sa conclusion triomphale, Beethoven a écarté délibérément la Reprise de Y allegro, que la tradition imposait à la forme symphonique de son temps 1. L’innovation ne fut pas comprise. L’orthodoxie des maîtres du goût et de l’opinion se hérissa contre cette hérésie. Beethoven, non soutenu, fût-ce par une seule voix intelligente, lui-même tourmenté par ce problème de la forme et, je l’ai dit, obsédé par ses exigences de puissant architecte, fut pris de doutes devant sa magnifique audace. Il renonça à ce qu’il venait de conquérir ; il eut la rare abnégation de rejeter la géniale ouverture qui, sans un coup du hasard, eût été perdue pour jamais, et la vigueur plus rare encore d’en récrire une nouvelle qui, sans lui ressembler, l’égalait. Cette ouverture n° 3, épurant le dessin, équilibrant les masses, rétablissant la reprise, et dégageant la symphonie 1. L’Ouverture de ce temps, telle qu’elle est pratiquée par Mozart et, à sa suite, par Beethoven, dans sa première ouverture : Promélhée, est essentiellement composée d’une Introduclion lente, et d’un premier morceau de bouale allcgrot avec reprise, et sans Durchführung.