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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

Dans tous les cas, il est entendu que, chez un Beethoven, la forme y doit toujours trouver son compte. Qui la sacrifie, n’est point un artiste. Mais qui voit et qui veut la forme seule, n’est qu’un petit artiste. Ne compte à nos yeux que celui qui est possédé par les deux exigences, et cherche à les harmoniser. Mais il le peut, dans l’un ou l’autre sens :

— en attribuant la direction ae l’œuvre, soit au grand constructeur, soit au poète en proie à l’idée passionnée. Cette double réponse a été donnée par Beethoven, dans les ouvertures de Leorwre uos 3 et 2.

Elles seules sont à retenir. L’ouverture n° 1 n’est encore qu’un essai indécis, qui ne satisfit pas Beethoven, mais qui le conduisit aux splendides découvertes des deux ouvertures suivantes. -— L’ouverture n° 4 est une abdication devant les nécessités de la scène. Négligeons-la, pour l’instant ! Les trois ouvertures en ut majeur, — aussi bien l’ébauche n° 1 que les 2 et 3, qui sont des chefs-d’œuvre en deux ordres différents, ont un trait commun : la musique de Beethoven les a signées, non Leonore, mais Florestan. Le chant du prisonnier y est intercalé. Mais tandis que dans la première il est simplement épinglé, comme une citation, il devient la chair des ouvertures nos 2 et 3 ; et surtout dans la deuxième il vit et il palpite ; il est un véritable leit-motiv, qui se développe et se transforme, en neuf façons diverses, passant par toute h gamme ae l’action et des passions, tour à tour & pathétique, lyrique et guerrier ».

Cette innovation artistique sans précédent, qui devait aoir au xixe siècle la fortune que l’on sait, nous éclaire en même temps sur la vision intérieure de Beethoven. Le sujet 1S_