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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

triomphales, ses flots de lumière blanche, — une orgie à’ut majeur.

I t maintenant, tout est-il dit ? L’œuvre n’est-elle pas achevée ?

— Non. Le principal, encore, reste à dire. Beethoven écrit l’ouverture.

Les ouvertures. — Cas unique, dans toute l’histoire de la musique. Quatre ouvertures pour un sujet. Un génie qui s’acharne, dix ans, parmi le torrent de ses passions, de ses œuvres diverses, à poursuivre dans ces symphonies pour un opéra... quelle réalisation, qui lui échappe ? Quelle idée le possède, qui, jamais satisfaite, réclame d’être exprimée1 ? 1. Fixons d’abord !a chronologie des quatre ouvertures. L’excellent ouvrage de Joseî Braunstein : Beeihooens Leonore-Ouveriüren, eine hisiorisch-slilkriiische Untersuchung, 1927, Breitkopf, nous permet de le dégager enfin des < rreurs où, à la suite de Ignaz v. Seyfried, et de Nottebohm, la critique s’embourbait. L’ouverture de Leonore n° 1 fut écrite en 1805, pour la première Leonore en trois actes, mais non donnée avec elle : car, exécutée d’abord en petit comité, chez le prince Lichnowsky, elle fut, d’un commun accord, écartée. (Cf. Schindlcr ) Non publiée, du vivant de Beethoven, elle parut d’abord en 1832 chez Haslinger, comme op. 138. L’ouverture de Leonore n° 2 lui fut substituée par Beethoven, aux représentations, en trois actes, de 1805. Pour des raisons que nous dirons, sa puissante originalité la rendit incompréhensible au public Et Beethoven écrivit, pour la reprise, en deux actes, de Leonore