Les modulations les plus acides se succèdent en une cacophonie abominable, » (mrklichsn grassliches.) Aux oreilles délicates, et certainement longues, de ces fins connaisseurs, assourdis par ce « vacarme écrasant » x, écœurés par la « mesquinerie » 2 des idées, — l’éclair de la fanfare qui fend la nuée tragique du quatuor de la prison, devient un « solo pour cor de postillon » ( « Posthornsolo ») ! L’oracle qui pontifie à Berlin, dans la gazette de Kotzebue : Der Freimüthige oder Ernst und Scherz (11 septembre 1806), conseille à Beethoven de prendre modèle sur une magnifique (« herrliche ») ouverture de Andréas Romberg — « cette claire beauté sans mollesse, cet emploi puissant et pourtant pas exagéré de tous les instruments, celte pleine vie intérieure, sans surtension factice » •— qui forme un absolu contraste avec l’art entêté de Beethoven, h la fois sans beauté, sans naturel, et sans facilité. — Beethoven échange des mots peu amènes avec le directeur du théâtre, baron Braun. Le baron le blesse au vif ; il lui a remontré qu’aux deux représentations, les loges étaient pleines, mais non les places populaires, comme aux opéras de Mozart. Beethoven crie, furieux :
— « Je n écris pas pour la foule (Menge). J’écris pour les musiciens (Gebildeten). »
— « Alors ne vous plaignez pas ! » dit sèchement le baron.
Beethoven réclame sur-le-champ sa partition, et la rem 1 21. Zeit für élégante Welt, 10 mai 1806. 2. Der Freimüihige, gazette de Kotzebue, 11 septembre 1806