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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

librement — celui qui peint la joie des prisonniers à. respirer Pair libre, est tout à fait raté (offenhcir misratlien) A —> La pièce n’a que trois représentations.

Les rares amis de Beethoven restés à Vienne malgré les temps, s’efforcent de repêcher l’œuvre, en la faisant remanier et raccourcir par l’auteur. Tâche difficile, — en vérité, inhumaine ! Le ténor Jos. August Rdckel nous raconte la scène de décembre 1S05. au palais Lichnowsky, où l’œuvre est examinée en petit comité. L’orchestre est représenté par la princesse au piano, et le virtuose Clément, qui joue sur le violon tous les soli d’instruments. Deux seuls chanteurs exécutent, l’un toutes les voix hautes, l’autre les registres bas. Et le fidèle ami, Breuning, s’est chargé de fondre en deux actes les trois de la première version ; il a récrit les piètres dialogues du librettiste Sonnleithner. Pendant six heures de suite, de sept heures du soir à une heure du matin» le petit cercle dévoué, mieux intentionné qu’inspiré, fait pression sur Beethoven, pour qu’il rogne çà et là dans ses fourrés. Beethoven est sombre, comme une nuée d’orage ; il refuse, il refuse ; et soudain, il reprend, indigné, sa partition, disant qu’il aime mieux la détruire que la déshonorer. Alors, la bonne princesse est près de se jeter à scs genoux, elle le supplie passionnément de ne pas laisser périr « sa plus grande œuvre », elle évoque le souvenir pathétique de la mère de Beethoven. Beethoven, bouleversé, sanglote : 11, Alljemcine Musik Zeilung, Leipzig, 8 janvier 1806.