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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

thovemen, h cette époque de maturité ? —• et en particulier dans le premier Largo Allegro de l’op. 31 n° 2, et dans toute YAppassionataP... Le torrent d’une Force implacable et sauvage. La souveraineté de la pensée, qui plane par-dessus.

Pour le reste, que l’on cherche, si l’on veut, Ariel et Caliban, ou le duo des amoureux ! C’est possible, si l’on veut. Mais c’est de l’anecdote. Cela n’a pas d’importance. Meme si les documents précis venaient nous l’attester, la vraie signification de l’œuvre n’en serait en rien changée. L’illustration musicale est tout à fait secondaire chez Beethoven. (Beaucoup plus que chez Mozart et Hændel, même chez J. S. Bach — pour ne point parler des romantiques.) Son moi est trop énorme. Il projette sur tout son ombre ou son soleil.

Il n’est pas indifférent pour nous de penser que ce moi, en les années 1802-1804, s’apparentait à celui du Shakespeare de la Tempête 1.

1. ’L’Ouverture de Coriolan est écrite et exécutée en 1807. La même année, il songe à écrire un Macbeth, avec son ami le poète Collin, et il commence les esquisses. — Il conserva l’admiration de Shakespeare, toute sa vie. Schindler écrit que ce fut toujours son « poète de prédilection », et qu’il connaissait ses œuvres aussi bien que ses partitions propres. Il le lisait dans la traduction d’Eschenburg ; et il couvrait de coups de crayon les pages des volumes. On a conservé les tomes 3-4 et 9-10 de sa bibliothèque ; les passages soulignés ont été relevés dans l’ouvrage de Albert Leitzmann : Ludwig van Beethoven, Bricfe und persônliche Aufzeichnungen, 1921, t. Il, p. 273 et suiv. Ils éclairent sur les pensées de Beethoven, lisant Othello, Romeo et Juliette, Beaucoup de bruit pour rien, Tout est bien qui finit bien, le Marchand