Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/239

Cette page n’a pas encore été corrigée
206
BEETHOVEN

pas imitation (le fait est exclu), mais suggestion de l’une ou l’autre scène du drame sur la musique, la recherche en serait une tâche, non peut-être impossible, mais toujours problématique ; elle ne nous offrirait jamais assez de garanties pour que nous en puissions rien conclure. Mais puisque Beethoven Ta dit, nous pouvons être certains d’une chose : c’est qu’il a écrit les deux œuvres, « sous le signe » de la Tempête, et dans son atmosphère. Or, puisque les deux sonates, par ailleurs si dissemblables, sont, l’une et l’autre, des expressions saisissantes de l’âme et des passions beethoveniennes, à l’état pur — il faut conclure à une parenté de Stirnmung entre elles et la Tempête. Quelle est la Stirnmung générale de la Tempête ?

— Le déchaînement des forces élémentaires, passions, folies des hommes et des Eléments. Et la domination de l’Esprit — magicien qui assemble et dissipe, à sa volonté, l’illusion.

Mais n’est-ce pas justement la définition de l’art bee- 15 juillet 1817, il s’excuse de ne pouvoir composer ses « Lieder anacrcontiques » :

— «... La description d’un tableau appartient à la peinture. Le poète peut aussi s’estimer heureux en ceci (en la description) ; il est un maître dont le domaine n’est pas aussi limité en ceci que le mien. Mais le mien s’étend plus loin dans d’autres régions, et on ne peut pas si facilement atteindre notre empire !... »

« Die Beschrcibung eines Bildes gehôrl zur Malerei ; auch der Dichter kann isch liierin noch als einen Mcisler glücklich schâlzen, aessen Gebiet hierin nichl so begrenzt ist als das meinige, sowie es sich wieder in andern Regionen weiter erslreckt und man unser Reich nich so leicht erreichen kann... »