Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée
193
LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

minable et décousue L » Et, d’un air rogue, vexés que leurs observations sur la Seconde Symphonie n’aient pas été écoutées, ils intiment avis h l’auteur d’avoir à se défaire de sa prétention fatigante à l’originalité ! « Qu’il prenne modèle sur ses œuvres antérieures : le Septuor (c’est leur grand favori : et l’on comprend le dégoût qu’ils en ont inspiré à Beethoven !) les deux premières Symphonies (ifS ne se souviennent déjà plus que, quand on leur a donné la seconde, ils l’écrasaient sous l’exemple de la première !) Si, en dépit de leurs avertissements, Beethoven s’entête dans scs mauvaises façons, cela finira mal pour lui... »

— « ... Ce soir, le public n était pas content, Beethoven, non plus. Aux applaudissements clairsemés, il refusait de répondre, par un signe de tête... »

Beethoven, exaspéré, réplique que quand il aura écrit une symphonie qui durera plus d’une heure, on trouvera courte son Héroïque. Le suive qui pourra ! — Et, le malentendu, de part et d’autre s’aggravant, on voit se former à Vienne la cabale haineuse qui va, l’année suivante, casser les reins à Leonore (mars-avril 1806). Beethoven fait le vide autour de lui. Il est trop grand. Il a grandi trop subitement. On ne le reconnaît plus, et il ne vous reconnaît, plus. Le monde et lui se dévisagent avec méfiance, en étrangers..

Isolement et fièvre, maladie, égarement de l’esprit... 11 me fallait évoquer cette atmosphère d’orage, le ciel 11. « Décousue ! » Ceux d’aujourd’hui diraient que les coutures sont de trop gros ül !

13