seconde, la plus haute des deux et la plus achevée, qui surgit la première ? On reconnaît dans leur succession immédiate la même loi d’alternance, que j ai déjà signalée, et à laquelle obéit la création de Beethoven cette nécessité de satisfaire, tour à tour, aux deux besoins opposés de son génie : le pur jeu artistique, et l’expression pure de la passion personnelle. L’op. 31 n° 1 (sol majeur) a des caractères a mimétiques » très marqués — je serais tenté de dire : des « imitations » voulues de théâtre italien : car le premier morceau a l’humour, les saillies, le preste dialogue, le style malicieux et la furia bouffe d’une scène de comédie musicale h Et quant à Yadagio, nul ne peut se tromper sur l’intention Rossiniste avant la lettre : c’est une sérénade sur accompagnement de guitare 1 2, — bien entendu, marquée involontairement, en son milieu, de la lourde et puissante patte du jeune ours. Mais par lueurs, elle annonce la rayonnante Sérénade du Barbier. ■— Quant à l’op. 31 n° 2 (ré mineur), elle est, aux antipodes de la précédente, un des plus saisissants exemples, chez Beethoven, de la parole directe en musique. C’est lui, c’est l’homme ! Cette double apparition n’est plus pour nous surprendre. 1. Czerny, dont on a bien tort de négliger les indications, et qui avait étudié cette sonate avec Beethoven, dit que le premier morceau doit être joué « energisch, launig und geistreich » (avec énergie, humour et esprit), — et le rondo final, très vite, en tourbillon. 2. La volonté de l’artiste est rendue plus évidente par les esquisses, où il note d’abord l’accompagnement de guitare, et plus tard seulement le chant. (Cf. Nottebohm : Zwei Skizzenbiicher e. B. aus den Jahren 1801 bis 1803, réédition 1924, p. 36-37.)