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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

2° Le travail de développement constructeur de motifs ou fragments de motifs, empruntés aux deux thèmes, — analyse et synthèse intenses et vigoureuses —qui, peu à peu, constituera le cœur de l’œuvre : (et ce sera surtout l’office de Beethoven) ;

3° Le retour des deux thèmes, où la tonalité principale finit par s’imposer ;

4° Dans la grande forme-Sonate, consacrée par Beethoven, une conclusion ou Coda, qui rappelle et résume puissamment l’ensemble de l’œuvre.

C’est donc une Dialectique du discours musical, qui a été la charpente d’une forme d’art claire, logique, volontaire, comme la tragédie classique. Et comme la tragédie classique, adéquate à l’esprit du xvne siècle français, a continué de gouverner encore le siècle de Voltaire, quand l’esprit entier avait changé, — ainsi, la jorme-Sonate s’est prolongée jusqu’à nos jours, dans une Europe dont les éléments ont été, aux trois quarts, modifiés et renouvelés. Mais Beethoven représente l’âge d’or de cette forme. Par lui, elle a réalisé sa plénitude. Par elle, il a accompli la sienne. Entre elle et lui existait une harmonie préétablie 1.

1. 11 est frappant que Beethoven (au témoignage de Cari Czerny), numérotant ses œuvres, attribuât à l’op. 57 (Appassionala) le n° 54 : car il ne faisait entrer en ligne de compte que les compositions de forme-Sonate. Et il y comprenait la Symphonie Héroïque.