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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

guerre), implorant des nouvelles de leurs enfants, de douze ans, de huit ans, retenus en Belgique depuis le commencement des hostilités ; j’ai même trouvé dans la liste de ces petits disparus, — prisonniers de guerre, sans doute ? — de jeunes citoyens de quatre ans et de deux ans. (Sont-ils mobilisables ?)

Nous voyons les angoisses de ceux qui sont restés. Imaginez la détresse de ceux qui sont partis, dénués d’argent et de tout moyen d’en demander aux leurs ! Quelle misère nous révèlent les premières lettres qui nous sont parvenues des familles internées, en Allemagne ou en France, — une mère avec son petit garçon malade, et, quoique riche, ne parvenant pas à se procurer la moindre somme, — ou cette autre, avec deux enfants, qui nous charge de prévenir sa famille que si, après la guerre, on n’entend plus parler d’elle, c’est qu’elle sera morte de faim !

Eh bien, ces cris de misère, il semblait que pendant deux mois, personne ne les entendît au milieu de la bataille. Les Croix-Rouges elles-mêmes, absorbées par leur tâche immense, réservaient leurs secours aux prisonniers militaires ; et les gouvernements paraissaient affecter pour leurs malheureux citoyens un superbe mépris : (ce qui n’est pas bon pour la guerre est-il digne d’intérêt ?) Et pourtant, ce sont là les victimes les plus innocentes de la