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INTER ARMA CARITAS

pitoyable que celui d’une autre classe de prisonniers dont je vais parler plus loin. Le sentiment du devoir accompli, le souvenir de la lutte relèvent son malheur à ses yeux et même à ceux de l’adversaire ; il n’est pas totalement abandonné à l’ennemi ; les règlements internationaux le protègent, les Croix-Rouges veillent sur lui, et l’on n’est pas dénué des moyens de savoir où il est et de lui venir en aide.

En ceci, l’admirable Agence internationale des prisonniers de guerre, qui, vieille d’un mois à peine, a déjà fait pénétrer et aimer le nom de Genève dans les coins les plus reculés de France et d’Allemagne, est une vraie Providence. Elle n’a besoin, comme toutes les Providences, que d’être secondée par ceux sur qui elle veille, je veux dire par les États intéressés, qui lui font quelquefois attendre un peu longuement leurs listes de prisonniers. Sous l’égide du comité international de la Croix-Rouge, que préside M. Gustave Ador, et sous la direction de M. Max Dollfus, elle occupe à présent plus de 300 travailleurs volontaires, venant de toutes les classes apporter leur concours à l’œuvre de charité. Plus de 15 000 lettres par jour lui passent par les mains. Elle transmet quotidiennement environ 7 000 lettres entre familles et prisonniers, et assure l’envoi de 4 000 francs en moyenne. Les renseignements précis qu’elle peut communiquer, très pauvres à l’origine, s’élèvent à