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INTER ARMA CARITAS

France, laissés dans l’abandon ! Et n’ai-je pas entendu ou lu les mêmes craintes indignées de la part des Français, au sujet de leurs blessés maltraités en Allemagne ? Or, tout ceci est faux, d’un côté comme de l’autre ; et ceux qui, comme nous, sont à même de recevoir des renseignements sûrs des deux camps, doivent affirmer au contraire que, d’une façon générale (sur des milliers de cas, on ne peut, naturellement, se faire garant qu’il n’y aura pas, ici ou là, quelques exceptions individuelles), cette guerre qui a atteint dans l’action à un degré d’âpreté qu’aucune des guerres précédentes en Occident ne faisait prévoir, est, par contraste, moins dure pour tous ceux qui se trouvent — prisonniers ou blessés — arrachés à l’action.

Les lettres que nous recevons, les documents publiés — notamment un rapport paru dans la Neue Zürcher Zeitung du 18 octobre et dont l’auteur, le docteur Schneeli, vient de visiter en Allemagne les hôpitaux et les camps de prisonniers — montrent qu’on fait effort là-bas pour concilier l’humanité avec les exigences de la guerre, qu’il n’y a aucune différence entre les soins donnés aux blessés du pays et ceux aux blessés ennemis, que des rapports amicaux s’établissent entre les prisonniers et la landwehr qui les garde et que la nourriture est la même pour ceux-ci et ceux-là.

Je souhaite qu’une enquête semblable soit faite et publiée sur les dépôts de prisonniers