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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

ceux qui tombent et de rappeler dans la bataille, la belle devise, trop oubliée : Inter arma caritas.

Parmi tant de misères, pour le soulagement desquelles tous les hommes de cœur peuvent s’accorder, je parlerai de celle des prisonniers de guerre. Mais, sachant que l’Allemagne d’aujourd’hui rougit de sa sentimentalité passée, j’éviterai avec soin d’attirer sa pitié par des « pleurnicheries », comme on dit là-bas, à propos de nos plaintes sur la dévastation de Louvain et de Reims. « La guerre est la guerre. » Soit ! Il est donc naturel qu’elle traîne dans son escorte des milliers de prisonniers, officiers et soldats.

De ceux-ci, pour le moment, je ne dirai que quelques mots. Et ce sera pour rassurer, dans la mesure du possible, les familles qui les recherchent et s’inquiètent de leur sort. Car, d’un côté comme de l’autre, circulent trop facilement des légendes odieuses, propagées par une presse sans scrupule, qui tendent à faire croire que les lois les plus élémentaires de l’humanité sont foulées aux pieds par l’adversaire. Un ami autrichien ne m’écrivait-il pas dernièrement affolé par les mensonges de je ne sais quels journaux, pour m’adjurer de prendre la protection des blessés allemands en