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DE DEUX MAUX, LE MOINDRE

visent depuis longtemps à la possession des provinces Baltiques : or nous serions capables de n’importe quels sacrifices pour l’empêcher. Nous qui aimons notre culture nationale, nous qui connaissons bien le panslavisme et le pangermanisme, nous estimons que, pour l’indépendance de la culture des petites nations, le panslavisme est moins dangereux que le pangermanisme. Cela résulte surtout du caractère des deux races.

Les Allemands oppriment, d’une manière systématique, et par cela même toujours efficace. De plus, leur hauteur méprisante pour tout ce qui n’est pas eux, la logique, le sang-froid avec lesquels ils exercent leurs persécutions partout où ils dominent, les rendent intolérables.

« Les Russes sont, de nature, moins conséquents ; leur esprit n’est pas aussi ordonné ; ils suivent plutôt leur cœur, et pour cela, ils sont moins redoutables comme oppresseurs. Ils frappent quelquefois, d’une façon très cruelle et douloureuse ; mais ils peuvent aussi se reprendre, de temps en temps. Ils sont, dans leurs manières, plus rudes et plus brutaux que les Allemands ; (je parle surtout des administrateurs et des officiers) ; mais ils sont, au fond, plus humains que ceux-ci, qui cachent souvent sous les dehors d’une parfaite courtoisie des intentions d’une animosité féroce. Dans cette année 1906, où l’on fit en Russie des exécutions en masse, il y eut quelques cas de suicide parmi les officiers russes, qui ne pouvaient