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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

de la plupart des détachements militaires chargés de châtier le pays, se trouvaient des officiers de nationalité allemande, qui avaient demandé cet emploi et qui déployaient un tel zèle, en fusillant les hommes et incendiant les maisons, qu’il surpassait même les intentions du gouvernement russe. Ces jours-là, les lieux qui avaient été visités par les dragons conduits par des officiers de nationalité russe pouvaient s’estimer heureux : car pour les mêmes cas où les officiers russes infligeaient des coups de fouet, les officiers allemands ordonnaient la mort.

« Si jamais mon peuple avait le choix entre un gouvernement russe et un gouvernement allemand, il préférerait le premier, comme le moindre des maux. Je lis dans les journaux lettons que les soldats de réserve de mon pays sont partis avec enthousiasme pour la guerre actuelle. Je ne suppose pas que cet enthousiasme vienne de la pensée de combattre pour la gloire de ceux qui, par tous les moyens, entravent notre développement national, en défendant d’enseigner dans notre langue aux écoles primaires, en tâchant de coloniser nos terres avec des paysans russes, en obligeant les nôtres à émigrer en Sibérie et en Amérique, en empêchant que les places dans l’administration soient occupées par les Lettons, etc., etc. Si pourtant cet enthousiasme existe, c’est parce que la guerre est faite contre l’Allemagne, et parce que les Lettons savent que les Allemands