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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

lit. D’ailleurs de trop grands crimes déjà ont été commis, des crimes contre le droit, des attentats à la liberté des peuples et aux trésors sacrés de la pensée. Ils doivent être réparés. Ils seront réparés. L’Europe ne peut passer l’éponge sur les violences faites au noble peuple belge, sur la dévastation de Malines et de Louvain, saccagées par les nouveaux Tilly… Mais, au nom du ciel, que ces forfaits ne soient mots affreux. Un grand peuple ne se venge pas ; il rétablit le droit. Que ceux qui ont en mains la cause de la justice se montrent dignes d’elle, jusqu’au bout ! C’est notre tâche, à nous, de le leur rappeler. Car nous n’assisterons pas, inertes, à la bourrasque, attendant que sa violence se soit d’elle-même épuisée. Non, ce serait indigne. L’ouvrage ne nous manque pas.

Notre premier devoir est, dans le monde entier, de provoquer la formation d’une Haute Cour morale, d’un tribunal des consciences, qui veille et qui prononce sur toutes les violations faites au droit des gens, d’où qu’elles viennent, sans distinction de camp. Et comme les comités d’enquêtes institués par les parties belligérantes seraient toujours suspects, il faut que les pays neutres de l’Ancien et du Nouveau Monde en prennent l’initiative, — ainsi que, tout récemment, un professeur à la Faculté de Médecine de Paris, M. Prenant, en suggérait