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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

siècles, contre les Huns et contre les Turcs. » La science, après l’histoire, descendant dans la lice, proclame, avec E. Perrier, directeur du Muséum, membre de l’Académie des Sciences, que les Prussiens n’appartiennent pas à la race aryenne, qu’ils descendent en droite ligne des hommes de l’âge de pierre appelés Allophyles, et que « le crâne moderne dont la base, reflet de la vigueur des appétits, rappelle le mieux le crâne de l’homme fossile de la Chapelle-aux-Saints, est celui du prince de Bismarck. »

Mais les deux puissances morales, dont cette guerre contagieuse a le plus révélé la faiblesse, c’est le christianisme, et c’est le socialisme. Ces apôtres rivaux de l’internationalisme religieux ou laïque se sont montrés soudain les plus ardents nationalistes. Hervé demande à mourir pour le drapeau d’Austerlitz. Les purs dépositaires de la pure doctrine, les socialistes allemands, appuient au Reichstag les crédits pour la guerre, se mettent aux ordres du ministère prussien, qui se sert de leurs journaux pour répandre ses mensonges jusque dans les casernes, et qui les expédie, comme des agents secrets, pour tâcher de débaucher le peuple italien. On a cru, un moment, pour l’honneur de leur cause, que deux ou trois d’entre eux s’étaient fait fusiller, en refusant de porter les armes contre leurs frères. Ils protestent, indignés : tous marchent, l’arme au bras. Non, Liebknecht n’est pas mort pour la cause socia-