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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

poncif dans tous les théâtres allemands et la médiocrité littéraire des productions patriotiques, il se demande où l’on peut trouver « le nouvel esprit » ; et ce lui est un prétexte pour exécuter les Ostwald et les Lasson.

« Où le trouver ? Aux Hochschulen ? A-t-on lu cet invraisemblablement grossier (unwarhrscheinlich plumpen) appel des 99 professeurs ? A-t-on goûté les déclarations de ce vieux momifié deux fois centenaire (des zweihundertjœhrige Mummelgreises) Lasson ? Quand j’étudiais en premier semestre la philosophie à l’Université de Berlin, l’amphithéâtre où il lisait son cours était déjà pour nous un lieu d’hilarité (Lachkabinett). Et maintenant, on le prend au sérieux ! Des journaux anglais, français, italiens, impriment son sénile bavardage dirigé contre la Hollande, en ajoutant que telle est la Stimmung des intellectuels allemands ! Quel mal nous ont fait ces Geheimräte et ces professeurs, avec leur Aufklärungsarbeit ! On peut à peine l’évaluer… Leur incapacité à se mettre dans la peau des autres fait le vide autour d’eux. »

En face de ces faux représentants d’un peuple, ces bavards de l’intelligence et ces aventuriers de la politique, il exalte les silencieux, la grande masse du peuple, de tous les peuples, qui souffrent et qui se taisent ; et il s’unit à eux dans la « communauté invisible de la douleur » :

« Un souffrant qui sait que des millions d’autres êtres ont à supporter comme lui des tourments por-