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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

moderne est pourtant bien différent de l’impersonnalité marmoréenne de la revue précédente, — comme elle, affirme, dès son numéro du 15 août 1914, qu’elle ne s’occupera point de politique et qu’elle ne contiendra que de la littérature et de l’art. Si dans cette littérature elle fait néanmoins une place aux poésies de guerre, que lui envoient des champs de bataille les médecins militaires Wilhelm Klemm et Hans Koch, c’est la qualité de l’art et non la vivacité du sentiment patriotique qu’elle prend en considération ; car elle persifle outrageusement les chantres ridicules du chauvinisme germanique, Heinrich Vierordt, l’auteur de Deutschland, hasse, les poètes criminels qui excitent à la haine par des récits mensongers, et le professeur Haeckel. Son dilettantisme est extrême ; elle publie couramment dans ses numéros hebdomadaires des traductions françaises (d’André Gide, de Péguy, de Léon Bloy), des reproductions d’œuvres de peinture française, de Daumier, de Delacroix, de Cézanne, de Matisse, de R. de la Fresnaye : (le cubisme fleurit dans cette revue berlinoise). Son numéro du 24 octobre est consacré à Péguy et porte en première page le portrait, par Egon Schiele, de celui en qui le directeur, Franz Pfemfert, au nom de l'Aktion, honore « la plus vigoureuse et la plus pure force morale qui s’exprimât dans la littérature française d’aujourd’hui. » Ajoutons que, comme il arrive souvent, de l’autre