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À BANCAL, À CLERMONT[1].
8 octobre 1790, — [du Clos]

Je n’ai eu qu’une rapide communication de votre lettre que notre ami absent m’a fait passer, avec recommandation de la lui renvoyer aussitôt, parce qu’il veut y répondre lui-même.

Je prends la plume sans savoir ce que pourra devenir ce que je vais tracer, comme sans juger ce que je vais écrire. Mon esprit est occupé de mille idées, que je trouverais sans doute plus faciles à exprimer si elles étaient accompagnées de sentiments moins tumultueux. Pourquoi mes yeux sont-ils obscurcis de larmes qui s’en échappent sans cesse et les remplissent toujours ?

Ma volonté est droite, mon cœur est pur, et je ne suis pas tranquille !

Elle fera le plus grand charme de notre vie, et nous ne seront pas inutile à nos semblables, c’est vous qui le dites de l’affection qui nous lie, et ce texte consolant ne m’a point encore rendu la paix !… C’est que je ne suis point assurée de votre bonheur et que je ne me pardonnerais jamais de l’avoir troublé. C’est que j’ai cru vous voir l’attacher, du moins en partie, à des moyens que je crois faux, à une espérance que je dois interdire. Ah ! sans doute, l’Affection qui rapproche et confond des âmes franches et sensibles, également enthousiastes

    écrivait à Bosc, le 25 septembre (indédit, coll. Morrison) : « J’ai fait un voyage à pied, de Lyon à la Chartreuse de Sainte-Croix, entre Rive-de-Gier, près Saint-Chamond et Condieu. J’ai traversé des montagnes intéressantes et j’ai tout le long de ma route, catéchisé les paysans. J’ai vu exercer la garde nationale d’un village appelé Longes, à une lieue de cette chartreuse, et j’ai appris avec satisfaction que la municipalité de ce village venait de dépenser 1,500tt pour armer ses citoyens. Je n’ai cessé d’inviter partout à en faire de même, et j’ose croire que ma mission patriotique ne sera pas sans fruit. »

  1. Lettres à Bancal, p. 79 ; — ms. 9534, fol. 48-50, — La lettre porte le timbre de la poste de Villefranche et a pour adresse : « À Monsieur Henry Bancal, ci-devant Des Issarts, à Clermont-Ferrand. » Un lettre de Roland à Bancal, que nous donnons ci-après en note, parce qu'elle a été publiée par l’éditeur de 1835, nous apprend que Roland venant de quitter le Clos pour se rendre à Lyon, où était Lanthenas, et que Bancal était reparti pour Clermont, où l’appelait l’élection des juges. — Une lettre inédite de Lanthenas à Bosc (coll. Morrison), du 4 octobre, dit : « Bancal est parti pour Clermont il y a deux jours «.