Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/989

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je cours beaucoup, je travaille peu ; cette allure ne va pas mal à ma santé, comme à mon secret penchant pour la paresse.

Je ne suis pas merveilleusement instruite de ce qui se passe à Lyon ; il parait seulement que la municipalité y fait force sottises, à l’occasion du pain, sur la fabrication duquel elle rend des ordonnances qui se contredisent et dont elle laisse l’exécution au hasard ou à la friponnerie des boulangers. Le peuple est mécontent du régisseur allemand de Lamarck. On disait que le commandant des troupes de ligne, M. de La Chapelle, devait être aussi nommé commandant de la garde nationale, dont on voulait faire une refonte pour en exclure ce qu’on appelle la canaille. Vous sentez ce que cela signifie.

Je pense qu’une petite manœuvre des aristocrates tend encore à faire avoir à des militaires employés dans l’armée le commandement des gardes nationales en divers départements. Faites tenir les yeux ouverts sur cette marche.

Adieu, soutenez le patriotisme parisien, car le provincial est bien languissant.


380

[À BOSC, À PARIS[1].]
Lundi 27 septembre 1790, — du Clos.

Nous n’avons reçu que par le courrier de samedi votre lettre du 20, parce qu’elle est arrivée à Lyon après notre départ de cette ville[2]. Nous jeûnions de vos nouvelles depuis assez longtemps, et nous les avons accueillies avec empressement ; mais vos observations sur la chose publique nous affligent d’autant plus qu’elles s’accordent parfaitement avec tout ce que nous apprenons d’ailleurs. Ce n’est pas cependant par les papiers publics que vous pensez devoir nous instruire ; aucun ne donne l’idée du mauvais état des affaires, et

  1. Bosc, IV, 36 ; Dauban, II, 581.
  2. C’est le 30 août que Bancal et Lanthenas étaient arrivés au Clos. Bancal y resta une quinzaine. — Roland écrit à Bosc, de Lyon, le mercredi 15 septembre (coll. Morrison) : « Nous arrivâmes hier en cette ville, où nos amis nous rejoindront aujourd’hui ; nous y achèverons la semaine et en partirons dès le commencement de la suivante… », c’est-à-dire dès le 19 ou le 20. — pour retourner au Clos, où Bancal fit un nouveau séjour.