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jour la corruption gagne, et l’Assemblée s’affaiblit ; il serait temps de songer à une autre législature, si ces grands articles étaient arrêtés. Il faut que le parti ministériel ait de l’ascendant pour avoir porté la mâchoire despotique de Dupont à la présidence[1]. Réunissez bien vos forces, car les provinces sont terriblement lâches ; le peuple est ignorant au dernier degré, et les gens aisés sont ambitieux ou fripons.

On a rétabli les barrières à Lyon, le 21 courant ; on ma assuré que le drapeau blanc n’avait été arboré le 19 qu’à la demande du commandant des troupes de ligne, qui n’avait pas voulu arriver comme ennemi et tant que le signal de la loi martiale annonçait la rigueur.

S’il était possible que nos voyageurs ne fussent pas encore partis, déterminez-les à donner enfin le coup de fouet, car je ne veux pas passer dimanche prochain, si ce n’est samedi, sans les avoir embrassés.

Adieu, salut et amitié comme toujours et pour la vie.


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[À BOSC, À PARIS[2].]
7 septembre 1790, [du Clos].

Vous[3] avez, Monsieur le grondeur, à vous justifier auprès de vos amis, qui n’ont pas perdu un moment à vous donner de leurs nouvelles. Ouant à votre prise à partie avec Madame la ménagère, je me garde d’en parler et je vous remets aux prises.

Lanthenas est à Lyon avec Pigott : je ne sais ce qu’ils y brassent ; pas grand’chose, je pense. L’un a besoin de se fixer et cherche de bonne foi :

  1. Dupont de Nemours avait été élu président de l’Assemblée le 16 août. Roland, qui le connaissait de longue date, puisque Dupont était inspecteur général des manufactures, ne l’aimait point, bien que leurs doctrines économiques fussent à peu près les mêmes, car tous deux appartenaient à l’école de Turgot. Ses lettres inédites (Papiers Roland et collection Morrison) sont pleines d’appréciations amères sur Dupon. — Voir, sur lui lettre du 20 mars 1784.
  2. Collection Alfred Morrison, 2 folios
  3. Les deux premiers paragraphe sont de Roland.