Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/978

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je reçois dans le moment une lettre du digne M. Pezant[1], administrateur du département, dont il serait président s’il n’avait absolument refusé les honneurs du fauteuil ; il nous félicite d’avoir repoussé les calomnies qui inondaient, nous dit-il, les sociétés de Lyon et dont il avait été navré à son dernier voyage. Sans doute, le bruit même le plus en faveur dans une grande ville n’est jamais si parfaitement général qu’on n’y trouve quelques personnes impartiales dans le cercle desquelles on pourrait se consoler de l’erreur des autres ; mais lorsque celles-ci mêmes jugent indispensable de répondre, il faut bien le faire sous peine de blâme.


374

[À BOSC, À PARIS[2].]
15 août 1790, — [du Clos].

Je croyais si bien recevoir des nouvelles par le courrier d’hier, que j’ai renvoyé à la ville une seconde fois, imaginant qu’on avait négligé de bien s’informer à la poste ; mais il est très vrai que personne du triumvirat ne nous a écrit. Que faites-vous, mes amis ? Oh ! je n’en doute pas, vous vous occupez de vos devoirs de citoyens, et les circonstances critiques les multiplient.

J’ai vu avec peine que l’esprit public parait s affaiblir même dans la capitale ; j’en juge par tout ce qui se passe à l’Assemblée, qui serait plus conséquente avec elle-même, plus ferme avec les ministres, si l’opinion générale était saine et puissante, comme elle l’est toujours quand la justice et l’universalité la caractérisent. J’en juge par l’indifférence, la négligence qui se manifestent dans vos élections : comment Paris n’a-t-il fourni que six mille votants pour la nomination du procureur de la commune ? Tant qu’on n’attachera pas plus d’intêrêt, qu’on ne mettra pas plus de vigilance au choix des hommes en place, quelles que soient ces places, la chose publique ne saurait bien aller.

    Peut-être faudrait-il lire Lafage et admettre alors que Bancal et Lanthenas connaissaient à Paris un frère de l’agronome Lafage (Voir sur celui-ci la lettre du 31 janvier 1785), lequel (l’agronome) serait venu au Clos. On ne peut songer, vraiment, au journaliste royaliste Lapie de Lafage, dont parlent Hatin (Bibliogr., p. 203) et Charavay (Catal. de 1862, p. 110).

  1. Voir sur Pezant, la lettre du 9 avril 1786, note.
  2. Lettre publiée en 1820 par Barrière (I, 345), qui devait la tenir de Bosc. — Dauban, II, 579.