le lendemain mardi 27, dès le matin, soixante hommes des gardes nationales d’Ecquevilly[1], tout près de Lyon, se rendent à ses portes et, avant d’entrer, envoient deux des leurs pour offrir leur secours à la municipalité ; elle les remercie comme inutiles, et ces bonnes gens, bien dressés, en uniformes, qui avaient quitté leurs travaux des champs pour voler au secours de la ville, retournent chez eux moins précipitamment qu’ils n’en étaient venus. Dans le même jour, deux cents hommes id., de Neuville[2], se mettent en marche pour la même cause, députent et sont également remerciés. Enfin un nombre égal ou supérieur, de Trévoux et autres petites villes circonvoisines, fait faire les mêmes offres et est également remercié.
Il est clair, cependant, qu’avec ces forces nationales et volontaires on contenait tout dans l’ordre et on pouvait même travailler à l’exécution des décrets en rétablissant les barrières.
Enfin des gardes nationales de Vienne arrivent avec un détachement de dragons ; celles de divers lieux sur la route se joignent à elles ; elles ne s’amusent point à députer, elles arrivent enseignes déployées, tambour battant, comme dans une ville rebelle, et elles campent, sans demander de logements, ne s’offrant que pour renforcer et soutenir le service des divers postes. Il fallut bien les recevoir et finir par les loger.
L’exactitude de leur service est une leçon vivante pour nos pleutres Lyonnais. La municipalité vient d’en congédier une partie ; mais toutes celles qui sont de Vienne ont déclaré qu’elles demeureraient jusqu’au rétablissement de la paix, et les dragons venus avec elles ont dit qu’ils ne les quitteraient pas. Voilà tout le renfort extraordinaire de ce moment ; il suffit pour garder les postes, il est trop faible pour protéger le rétablissement des barrières… Aussi ne paye-t-on toujours rien aux entrées ; on attend, pour percevoir les droits, l’arrivée très prochaine d’environ quatre mille hommes d’infanterie : le régiment de Monsieur, celui de la Marine, Lamark allemand et un régiment suisse ; plus environ six cents chasseurs de Bourgogne et des Ardennes.
Il y a dans les écrits une fermentation terrible. Quatre quartiers viennent de protester contre le désarmement qui a été fait de celui de Bourg-Neuf qui avait tiré sur les troupes ; ils demandent le renvoi des troupes, qu’on ôte le drapeau rouge, et je ne sais quoi encore.