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séjour par sa conscience bien plus qu’il ne reçoit de ses entours des impressions délicieuses. Mais passé le premier moment où cette âpreté fait quelque peine, la raison s’accommode de l’ensemble, et le cœur, toujours électrisé dans les champs, même les plus agrestes, fait aisément les frais du reste.

Notre ami a repris son travail sur les pelleteries ; je vais étudier les mœurs de ces pauvres animaux que le besoin des contrées boréales et le luxe de nos pays tempérés fait chasser pour leurs fourrures ; m’aimable botanique aura quelques-uns de mes regards, et je conserve sur ma table Thompson et le Tasse pour ne pas oublier entièrement leurs langues.

J’ai dans ce moment devant ma fenêtre, mais à un éloignement presque désolant, la cime du mont Blanc que vos yeux ont tant cherchée à Lyon, elle est dorée par les derniers rayons du soleil couchant.

Adieu, je vous rends à vos occupations et vais reprendre les miennes ; mais ce sera sans cesser de nourrir les sentiments qui vous ont fait accueillir, qui vous attendent et qui vous sont voués pour jamais dans notre ménage.


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À LANTHENAS, [À PARIS[1].]
20 juillet 1790, — [du Clos].

J’ai reçu la lettre de mes bons parents et, par le courrier prochain, je vous en enverrai une autre pour ma pauvre tante[2] dont la fête s’approche.

Je désirerais bien qu’avant de quitter Paris vous me fissiez le plaisir d’aller à la Congrégation, de vous informer positivement si Agathe existe encore, de

  1. Fragment de lettre cité par M. Faugère dans son édition des Mémoires', t. II, p.52-53. — M. Faugère doit se tromper en croyant la lettre datée de Lyon. Mme Roland paraît n’avoir pas quitté le Clos du 7 juillet au 3 août.

    Cette lettre doit être la même que celle que signale le n° 16122 du Catalogue du fonds Coste à la Bibl. municipale de Lyon et dont il donne l’extrait suivant : « Les affaires de Lyon sont dans un terrible chaos. Le peuple n’y est point si violent qu’on le dit, mais la municipalité y fait des inconséquences sans nombre. J’en donne les détails à l’ami Bancal. Vous savez qu’on a arrêté un autre personnage qui est à Pierre-Seize, puis un courrier qui se rendait à Turin… Tous vos ministre sont des fripons, mais le premier me semble le pire de tous… » (20 juillet 1790, aut. sign., in-8o, 4 p.)

  2. Sa grand’tante, Marie-Louise Besnard, dont la fête était le 15 août.