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[À BOSC, À PARIS[1].]
[Novembre 1789, — de Lyon.]

Lisez et faites passer à Lths. [Lanthenas].

La lettre aux commettants de Mirabeau est assez généralement attribuée à Tollendal, qui est maintenant à Grenoble[2].

À l’occasion de cette lettre et de tout ce qu’elle attribue au duc d’Orléans et à Mirabeau, Mounier disait dernièrement à quelqu’un de notre connaissance, que la chose n’était pas douteuse et que Mirabeau la lui avait formellement proposée. Il dit encore que M. de La Fayette lui avait écrit que c’était lui qui avait fait partir le duc d’Orléans.

Que dites-vous des prétentions de ce personnage et de son assurance à débiter de telles choses qu’il n’a pas eu le courage d’écrire ?

Le mémoire de Lally ne paraîtra, dit-on, que lorsque l’auteur aura quitté Grenoble.

Les aristocrates sont furieux de ce que l’on ne dénonce pas le duc d’Orléans, et ils vomissent des horreurs contre les Comités de recherches.

De bonnes gens croient et confessent que rien ne finira bien, s’il ne s’établit près de Paris un camp de 40,000 hommes de milice nationale confédérée. Je doute de la sagesse de cette idée et je craindrais

  1. Collection Alfred Morrison, 1 folio.
  2. Lally-Tollendal, à l’exemple de Mounier, avait donné sa démission de député (10 octobre). Il semblerait, d’après cette lettre, qu’il avait d’abord rejoint Mounier à Grenoble. En tout cas, il ne tarda pas à passer en Suisse comme lui, car il date de Lausanne, 10 novembre, ses « Observations sur la lettre écrite par M. le comte de Mirabeau au Comité des recherches contre M. le comte de Saint-Priest ». — C’est peut-être de cette pièce que Madame Roland veut parler, car il s’agit évidement non pas d’une des « Lettres du comte de Mirabeau à ses commettants » (Tourneux, 10203, 10207, 10208 ; Tuetey, II, 2905, 2906), publication périodique du grand orateur, mais d’une réplique.

    S’il en était ainsi, la présente lettre serait du milieu de novembre, mais l’information de Madame Roland serait erronée sur deux points accessoires : le titre exact de la brochure, et le lieu de la retraite de Lally à ce moment-là.