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gands échappés de Lyon. On en a arrêté une douzaine à Villefranche sans passeports. Deux jours après, l’un de ces petits seigneurs est venu avec dix hommes à cheval, tous le sabre à la main, redemander leurs camarades. Ils ont entouré le palais, où étaient les magistrats et où sont les prisons. Le peuple s’est assemblé, et ces braves se sont hâtés de disparaître[1].


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À BOSC, [À PARIS[2].]
Le 15 août [1789, — de Lyon].

Ce n’est pas seulement au citoyen que je m’adresse aujourd’hui, mais encore au naturaliste. Nous n’abandonnons pas la politique ; elle est trop intéressante dans ce moment, et nous ne mériterions pas d’avoir une patrie si nous devenions indifférents à la chose publique. Mais les journées sont longues ; les gens dont l’imagination est vive et le cœur ardent ont bientôt déduit leurs raisons ; lettres et conversations ne prennent qu’une partie du temps quand on n’a pas la main à l’œuvre, et il faut plus d’une pâture. La pelleterie va donc revenir sur les rangs[3] ; elle est intéressante par ses rapports immédiats avec une partie de l’histoire naturelle, et enfin il n’est point d’ouvrage où l’on ne puisse, de quelque façon, répandre et faire valoir les droits de la justice, les bons principes de l’administration.

  1. Voir, sur la grande peur à Villefranche, l’article de M. Léon Missol, dans la Révolution française de mars 1897 : « Les derniers jours de la milice bourgeoise de Villfranche… » ; cj., sur cette panique en Bresse, Ch. Jarrin, Bourg et Belley pendant la Révolution, Bourg, 1881, in-8o, p. 313-316 ; voir aussi au Patriote français, nos des 15 et 25 août, des lettres de Lyon du 6 et du 14. Dans le numéro du 19 septembre parut une réponse à la lettre du 14 août, réponse datée de Cluny, 2 septembre, et signée « Desoteux, chevalier des Ordres de Saint-Louis et Cincinnatus, seigneur de Cormatin ». Ce Desoteux n’est autre que Comartin, le futur lieutenant de Puisaye dans la chouannerie de 1795.
  2. Bosc, IV, 130 ; Dauban, II, 573.
  3. Pendant qu’on imprimait la deuxième partié de son second volume (qui parut le 21 décembre 1789), Roland, toujours retenu à la chambre, commençait à préparer le troisième volume, qu’il acheva en octobre 1790, mais qui ne parut qu’en janvier 1792 (voir Dict. des manuf., III, P. 493). C’est dans ce volume qu’il traite des pelleteries.