Nous avons, à Lyon, un ministre protestant de notre connaissance, qui fait imprimer actuellement un ouvrage contre l’esclavage des nègres[1] : je ne sais si l’auteur donnera du neuf ; mais je sais bien qu’il a grande envie de faire parler de lui.
Je ne vous parle pas de nouvelles ; je suis toute occupée d’huile à faire faire, et de porc à saler ; objets fort intéressants dans le ménage et peu faits pour le genre épistolaire.
Ci-joint une petite lettre pour le chanoine[2].
Adieu, dites-nous ce que font les Notables[3], si tant est qu’ils fassent quelque chose.
Nous vous embrassons cordialement.
Or çà, Monsieur le docteur, veuillez, je vous prie, me faire savoir subito — car tel est le mode qui convient aux dames — si le fameux turneps qu’on vante
- ↑ Frossard faisait imprimer la Cause des esclaves nègres, etc., 2 vol. in-8o. Lyon 1789.
- ↑ Le chanoine Bimont, dont la santé déclinait (voir lettre du 23 février 1789) et qui mourut en septembre 1789 (lettre de Roland à Bosc du 2 octobre 1789, coll. Morrison).
- ↑ La deuxième assemblée des Notables, convoquée pour régler la forme des États généraux, s’était réunie le 16 novembre 1788 et se sépara le 12 décembre. Ceci nous donne la date approximative de la lettre.
- ↑ Bosc, IV, 129 ; Dauban, II, 571. — N° 393 de la collection E. Michelot, vendue les 7 et 8 mai 1880, Eug. Charavay, expert. — L.a., 2 pages 1/4 in-8o.
l’y suivre… » — Lanthenas, qui avait depuis longtemps des relations avec l’Amérique, y songeait plus que jamais, sous l’influence de Brissot, avec lequel il était déjà lié, et plus encore en lisant les Lettres d’un cultivateur américain que venait de publier Saint-John de Crèvecœur (1784 ; 2e édition, 1787), description arcadienne de la vie aux États-Unis. — Madame Roland fit bien des fois, elles aussi, ce rêve d’Amérique.
Quant à la « Société pour l’affranchissement des nègres », c’était cette société des Amis des noirs, que Brissot et ses amis Carra, Valady, etc., venaient de fonder en France, à l’exemple de celle de Granville Sharp et Clakson avaient fondée en Angleterre. (Voir Mém. de Brissot, t. III, chap, i et iii.)