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affaires qui m’ont pris tout mon temps. Vous, Lanth[enas] et de Lyon, vous nous donnez de terribles nouvelles ; c’est le feu, c’est l’enfer de partout[1].

Adressez, je vous prie, la ci-jointe à M. J. Main, négociant à Niort[2].

On[3] dit que M. Necker est contrôleur général ; est-ce vrai ? Mandez-le, vite et tôt.

Je suis harassée ; je m’étrangle ; adieu et amitié pour tous les siècles des siècles.


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À ROLAND, AU CLOS[4].
[26 ou 27 août 1788, — de Villefranche.]

Bonjour, loup ! je me porte bien et je t’aime ; voilà toujours la grande affaire. J’ai trouvé une lettre charmante de Mme de Riverieux[5] qui veut venir, et viendra le 8 prochain avec son frère ; elle demande permission d amener son neveu Vouty[6] dont la voiture les conduira

  1. C’est le 25 août 1788 que Brienne, acculé, abandonné même par la Reine, avait donné sa démission et que Necker avait été rappelé au Contrôle général. La nouvelle n’avait pu encore, le 26, arriver en province. Mais on la pressentait, surtout depuis que Brienne avait fait décréter une banqueroute partielle (16 août). « La malédiction publique avait fondu sur lui comme un déluge », disent les Mémoires d’un contemporain.
  2. Main, un des correspondants de Roland pour son Dictionnaire.
  3. De Madame Roland.
  4. Ms. 9533, fol. 93-94. — La date de la lettre ressort de son rapport avec la précédente. Madame Roland, arrivée du Clos à Villefranche le 26 août, y a appris le retour de Necker aux affaires, et a expédié à Bosc la lettre de son mari, en y ajoutant quatre lignes de post-scriptum ; puis elle écrit presque aussitôt à Roland.
  5. Les Riverieulx étaient une des familles consulaires les plus considérables de Lyon, à laquelle était alliée la branche lyonnaise de Roland. (Voir App. C, nos XIX XXI Claude-Antoine de Riverieulx de la Ferrandière, ancien recteur de la Charité (1755), trésorier de la maison des Recluses (1776-1778), demeura rue Sala, fut guillotiné à Lyon le 22 janvier 1794. Sa femme, née Claudine Bertholon, qu’il avait épousé en 1779, était dame-administratice de « l’institur de bienfaisance pour les mère-nourrices » établi à Lyon en 1784. — C’est d’elle qu’il s’agit ici.
  6. Les Vouty étaient aussi une importante famille bourgeoise de Lyon. Dominique Vouty, écuyer, ancien recteur de la Charité (1781), seigneur de la Tour de la Belle--