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vieux[1] que ses sentiments pour vous m’ont disposée à estimer ; je me trouve avoir mon pied-à-terre dans son voisinage, ainsi que dans celui d’alliés de M. de La Platière qui sont aussi alliés de Mme de Champvieux ; je compte la voir davantage l’hiver prochain. P.-S. de Roland. — J’avais fait passer à ma moitié, mon excellent ami, la bonne fortune de votre petite lettre : voici ce qu’elle m’envoie en réponse. Nous partageons les mêmes sentiments, et je suis pour tout ce qui est possible d’être dans tout ce qu’elle vous dit. On ne saurait être dans la même ville et se moins voir que nous ne l’avons fait, le cher frère et moi, pendant son court séjour ici ; il avait d’autres connaissances ; il était occupé, je l’étais ; il est parti pour le Languedoc, je pars incessamment pour le Beaujolais. Je repasserai chez lui cependant pour le voir, l’embrasser, s’il est de retour, et, dans tous les cas, laisser cette lettre chez Madame votre sœur, pour qu’il vous la porte. S’il avait pu nous venir voir à notre principale résidence ! Si vous pouviez jamais y venir ! Nous sommes dignes de ce bonheur : nous saurions le sentir.


Je vous embrasse, mon cher et respectable Lavater, avec le cœur rempli d’un sentiment que je nourris affectueusement, et que j’aimerai à conserver et chérir toute la vie.


Roland de La Platière.

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[À BOSC, À PARIS[2].]
24 août 1788, — de la campagne.

Voilà comme ces hommes amusent leur imagination et prêtent aux femmes ce qui leur plaît ! Dieu vous bénisse, et parlons d’autre chose. N’est-ce pas ainsi que dirait une religieuse ? — Mais, dites-moi, mon beau Monsieur, journaliste, etc., pourquoi vous ne m’avez rien dit de mon Voyage, ni en blanc, ni en noir, pas un mot de critique, pas une observation, rien enfin : c’est bien court ! Je suis d’une paresse incroyable ; cette campagne vous brouille avec tout cd qui n’est pas elle ; je ne prends la plume qu’à mon corps défendant ; je n’ouvre un livre

  1. Étienne Mayeuvre de Champvieux (1743-1812), ancien conseiller en la Cour des Monnaies, administrateur de l’École de dessin (Alm. de Lyon de 1789, p. 228), habitait alors place de la Charité, tout à côté des Roland.

    Il fut ensuite procureur-général-syndic du département (1791-1792), puis député au Conseil de Cinq-Cents, proscrit au 18 fructidor, juge au tribunal de Lyon après le 18 brumaire. Il a laissé parmi ses contemporrains le souvenir d’un homme éclairé et modéré.

  2. Collection Alfred Morrison. — P.-S. à une lettre de Roland, revenu de Lyon au Clos.