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Mais ce qui nous a paru le plus plaisant, est une histoire sur laquelle roule l’indignation de l’auteur contre l’ex-ministre : un établissement de mécaniques, prétendues nouvelles, dont nous connaissons mieux l’origine et la marche que M. Carra qui se mêle d’en parler et se donne pour avoir concouru à leur acquisition. Vous saurez mieux un jour ce qu’est cette histoire. Instruisez-vous, en attendant, ce qu’est Carra ; au reste, son compte est fait et le coup de patte est lâché, d’après la connaissance et le sentiment de la vérité, sur cet article : cependant il faut connaître son homme.

Je monte à cheval cet après-midi pour mieux courir après mes forces. Donnez-nous des nouvelles de nos frères Laplatière et Lanthenas et faites-leur nos amitiés[1].

Vous avez tort de dire que je n’ai pas voulu vous envoyer le Voyage de Suisse ; c’était dans le temps du remuement des postes[2] que j’avais achevé de le mettre au net et que je vous demandai s’il n’y avait aucun risque à vous envoyer un paquet assez gros ; vous ne me répondîtes jamais à cette question, trois fois répétée ; je ne vous ai point fait passer mon manuscrit, et il est survenu mille épisodes. Patience ! Il y faut maintenant des notes, et je ne suis pas prête.

Adieu, nous sommes toujours de braves gens et nous vous aimons bien.

Nota au Carra d’observer si c’est un personnage en quelque crédit, comme il paraîtrait n’être pas fâché qu’on le crût, quoiqu’il n’ose le dire. Il semblerait à ses façons vouloir passer pour un champion du principal ministre, comme si celui-ci en avait besoin !


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[À BOSC, À PARIS[3].]
Le 11 juin 1788, — [de Villefranche].

Je donne à mon frère quelques commissions que vous pourrez, mieux que personne, l’aider à remplir. Celle particulièrement dont il

  1. Le chanoine Dominique, parti pour Paris le 21 avril précédent, y était encore.
  2. M. Dauban a imprimé : « le remuement des postes » ; il s’agit de l’édit du 10 août 1787 (Isambert, 2368), qui avait réuni la poste aux chevaux à la poste aux lettres et défait ainsi l’édit de décembre 1785.
  3. Ms. 6239, fol. 281-282.