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dessus tout, et ne nous chagrinons pas. Je t’embrasse de tout mon cœur.

Joseph oublie[1] toujours de laisser la clef de sa chambre ; je l’avais prévenu qu’il devait faire autrement ; on ne sait où coucher, s’il arrive quelqu’un de ta campagne.


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[À ROLAND, À LYON[2].]
Ce mardi 18 septembre 1787, avant dîner, — [du Clos].

Le frère vient d’arriver : je te lis et je prends la plume. Il faut, mon bon ami…[3]… et hasarder quelque chose, puis se prémunir d’autre part. Que l’expédition à l’archevêque[4] se fasse comme Lanthenas l’indique, mais, dans le même instant, écris à l’ours[5] et fais-lui hommage de l’œuvre encyclopédique. J’ai imaginé une petite lettre dont je t’envoie l’idée ; c’est un moyen de capter la bienveillance du personnage en flattant ses prétentions ; c’est un garant contre l’impression que pourrait lui faire l’autre tentative, si elle venait à sa connaissance ; c’est une chandelle devant le diable ; il n’en fut jamais plus besoin.

S’il est vrai qu’il ait une maîtresse[6], il faut que L. [Lanthenas] me la déterre, ainsi que les côtés par où elle est accessible ; ce sont de ces notes qu’il est bon d’avoir en portefeuille, pour en user comme de certaines drogues dans les cas désespérés.

Je continuerai ce soir et je te manderai s’il s’est passé quelque chose dans le courant du jour.

M. de Nervo[7] nous as pris une grande partie de l’après-dîner, je

  1. Joseph, le domestique qui accompagnait Roland à Lyon. — Voir lettres suivantes.
  2. Ms. 6239, fol. 203-204.
  3. Déchirure du papier.
  4. L’expédition du mémoire que Lanthenas devait faire parvenir, par intermédiaire, à Brienne ; nous avons dit (lettre du 23 mai précédent) que la démarche n’eut lieu qu’en décembre.
  5. Tolozan, plus à ménager que jamais puisque depuis juin il était l’unique Intendant du commerce.
  6. Tolozan devait avoir soixante-cinq ans au moins !
  7. M. César de Nervo, ancien conseiller