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Je vous salut tous deux et vous embrasse, et Lanthenas, comme francs et loyaux chevaliers, avec mon antique sincérité et mon amitié de vieille mode.


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[À BOSC, À PARIS[1].]
23 mai 1787, — [du Clos].

Il est neuf heures du soir : je n’ai pas soupé, je suis fatiguée et j’ai besoin de mon lit autant que de deux œufs frais. Mais on va demain de grand matin à la ville et je veux que le prochain courrier vous porte le témoignage de ma sensibilité à la lettre de Vincennes. Je vous assure que la pluie n’a rien gâté, qu’elle a eu tout son effet et que je vous sais un double gré de vous être exposé à la recevoir pour me donner des nouvelles de mon bon oncle. Lanthenas me parlait, dans sa précédente, de vos soins projetés pour nous ; je vous en écrirai plus au long quand j’en aurai causé avec l’ami ; en attendant, faites pour le mieux, mais observez seulement qu’il faudrait que la personne qui présenterait les ouvrages eût assez de crédit d’une part, et de l’autre mît assez d’intérêt à la chose pour la faire remarquer, lui donner du poids, etc. Surtout que l’espèce d’écrit dont on pourrait l’accompagner ne courût pas le risque d’être envoyé dans quelque bureau subalterne[2]

    thenas s’était alors tourné. — Voir lettre du 8 janvier 1787.

  1. Ms. 6239, fol. 277.
  2. Ceci se rapporte au projet déjà annoncé dans la lettre 272 (avril 1787). Si M. de Fourqueux n’était plus au Contrôle général, son successeur, Laurent de Villedeuil (6 mai — 28 août 1787), n’était pas tout à fait un inconnu pour Roland. (Voir lettre du 14 avril 1784.) Mais c’est surtout Loménnie de Brienne, « chef du Conseil royal des finances » depuis le 1er mai 1787, et déjà considéré comme « principal ministre », bien qu’il n’en ait reçu le titre que le 28 août suivant, qu’il fallait gagner. On savait qu’il projetait de remanier toute l’administration du commerce. Pourquoi ne lui suggérerait-on pas d’appeler auprès de lui un homme expérimenté et formé à l’école des Trudaine ? Mais alor, nécessité absolue que la démarch fût ignorée des bureaux !

    La lettre de Madame Roland arrivait trop tard. Dejà Brienne avait pris ses dispositions (Voir dans Isambert, n° 2343, l’édit du 5 juin 1787, rétablissant les quatres Intendants des finances supprimés en juin 1777,