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M. de Fourqueux[1] ? Dans le cas où elle ne serait pas encore faite, ne pourriez-vous pas arranger avec l’ami Lanthenas pour faire, par le moyen de l’intrigant dont il nous parle, présenter l’ouvrage, etc…, à M. de Fx [Fourqueux] par Mme de Vaubarel[2] ? Mais il faudrait suivre cela de près, et ne pas risquer que l’intrigant gardât le paquet pour son compte sans en rien dire à personne.

Il est probable qu’un homme qui sollicite pour lui-même ne se soucie guère de s’employer pour personne, quoique pourtant il ne soit ici question d’aucune demande, d’aucune sollicitation ; c’est un hommage pur et simple, destiné uniquement à donner de l’auteur une idée favorable, idée dont l’impression serait plus forte si l’hommage était présenté par une personne de considération. D’ailleurs, on pourrait partir de là pour faire remarquer le besoin de renouveler le système de M. Trudaine sur le commerce et les manufactures, système dont la liberté est la base, système qui est développé dans toutes les parties de l’ouvrage, particulièrement aux mots règlement, inspecteur et bonneterie ; système seul bon, et que les successeurs actuels de M. Trudaine ont pris à tâche de contrecarrer par la fureur réglementaire. Si M. de Fourqueux pouvait être ainsi rappelé aux principes de son beau-père M. Trudaine, et qu’il le fût par le Dictionnaire des manufactures, tout rempli de ces principes et de l’éloge de cet ancien administrateur, les manufactures et le commerce s’en trouveraient bien, et sans doute, ou peut-être, aussi l’auteur de ce Dictionnaire

Notre ami s’ennuie de ne rien avoir du peintre ; tâchez de tirer

  1. Calonne avait dû, devant l’hostilité des Notables, se retirer le 8 avril 1787, et Bouvard de Fourqueux, maître des requêtes, gendre de Trudaine de Montigny, lui avait succédé pour trois semaines. Il avait été associé à l’administration de son beau-père durant les dernières années, c’est-à-dire un peu avant 1777 (Condorcet, Éloges de Trudaine de Montigny. Roland pouvait donc espérer de voir le système de Turgot reprendre faveur, et il s’empressait de faire offrir à M. Fourqueux et les deux premiers volumes de son Dictionnaire et le Discours préliminaire, paru en 1786, qui devait ouvrir le troisième.
  2. Mme de Vaubarel, inconnue. — Quant à « l’intrigant », il est probable que c’est Delaconté ou bien Reith de Servières, dont nous parlerons plus loin. — Voir lettres des 23 mai et 27 novembre 1787.