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Telle bonne envie, que j’aie de te voir, mon dessein n’est pas de démarrer. Je ne me départirai pas de mon enfant, et je ne puis me transporter avec lui, un domestique, sans que le séjour là-bas, comme le retour ici, n’occasionne une dépense que je ne dois pas faire. Ainsi, jusqu’à ce que les rigueurs de la gelée te chassent à mes côtés, je grelotterai seulette, et tu rêveras solitaire. Ne rêve guère, pourtant : cela ne vaut pas le diable !

Adieu, mon bon ami ; je joins ici la boucle de ceinture pour la petite, que je n’ai pu faire raccommoder dans ce chien de pays, où l’on ne trouve seulement pas de bons ardillons.

Fais donc visite à ton cte[1]. Et celle à ton vieux voisin[1] ? Il est venu hier, en bas[2], un certain Bessie de la Grollière[3], dont ma belle-mère disait, à souper, qu’il aurait bien voulu voir tout le monde ; or il était au premier de la maison où je gardais le second, et il s’en va à Lyon que tu habites : n’est-ce pas un habile homme que d’en être aux regrets ?

Je te croquerai… Adieu, loup ! Ton lutin barbouille sur le clavecin et me crie à tue-tête : Est-ce bien ?


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[À ROLAND, À LYON[4].]
[1786(?) — de Villefranche.]

Je t’ai écrit, mon bon ami, par les deux derniers courriers, comme de coutume ; j’envoie dans le carton ci-joint les choses demandées ; il y en a une qui a été cassée, alle feste della balleria, credo ; du moins, ce fut alors que je m’aperçus de cette côte cassée ; elle n’en sert pas moins

  1. a et b Nous ne savons quels sont ce « comte » et ce « vieux voisin ».
  2. C’est-à-dire au premier étage, chez sa belle-mère.
  3. Par conséquent, un parent plus ou moins éloigné de la mère de Roland, née Bessie de Montozan.
  4. Ms. 6239, fol. 184-185.