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simples et pures ; cet ensemble forme un caractère respectable et touchant. Il y a joint des connaissances et des emplois qui devaient donner un double intérêt à sa société et à sa conversation. J’ai vu d’autre part la satire de Clément[1] avec une sorte de satisfaction ; j’y trouve de la justesse, puis je n’aime ni Clément, ni Palissot[2], lors même qu’ils ont raison. Je ne leur trouve point assez de supériorité pour jouer le rôle d’un Boileau ou d’un Pope. Ils dépriment avec dureté des gens qui valent autant ou mieux qu’eux ; ils font les distributeurs des rangs dans un empire où ils ne sont eux-mêmes que petits sujets. Ils me déplaisent, et, lorsque je souris à leurs malices, je dédaigne encore leurs personnes. Je suis bien aise qu’on les peigne : c’est justice toute simple.

J’aurais envoyé ces deux cahiers au Doyen, mais je crois qu’il faut laisser passer la séance[3].

J’ai redemandé les Mémoires de Cagliostro[4], qui ne revenaient point ; ils m’ont été remis sur-le-champ, en bon état, avec excuses, etc.

J’ai donné un exemplaire du petit discours[5] à Mme  Brown[6] quand elle

    homme, quoique fort chinois, et je ne sais plus comment faire pour aucun éclaircissement de ce qu’il a dit ou écrit. » — On sait que la veuve de Poivre épousa Dupont de Nemours. Elle vivait encore en 1837.

  1. J.-M. Bernard Clément (1742-1812) venait de publier en 1786 ses Satires, ainsi qu’un « Projet de règlement sur la manière de tenir à l’avenir les soi-disant philosophes ».
  2. Les premières attaques de Palissot contre les philosophes dataient d’assez longtemps dejà, 1760, 1762, etc. mais il publiait alors un journal avec Clément. (Voir Mém. de Brissot, t. I, p. 136.
  3. La grande séance annuelle que devait tenir le 25 août, jour de la Saint-Louis, l’Académie de Villefranche, dont le doyen Dessertines était un des secrétaires perpétuels.
  4. Mémoires authentiques pour servir à l’histoire du comte de Cagliostro, compilation de librairie, attribuée au marquis de Luchet (Barbier, Dict. des Anon.), qui avait paru l’année précédente. — Voir Mém. secrets, 28 décembre 1785.
  5. Le discours dont il est parlé ici est un opuscule de Roland : « De l’un des moyens de connaître les femmes », lu par lui, le 8 août 1786, à l’Académie de Lyon, et qui devait être lu, le 25, à L’Académie de Villefranche. Il a été imprimé dans le Conservateur de Delandine (Lyon, ann. 1788, t. II, p. 247-256). Il se trouve, de l’écriture de Madame Roland, au ms. 6243, fol. 83-88, et en copie (deux fois) au ms. 9532.
  6. Mme  Braun (c’est par erreur que Madame Roland écrit « Brown » ; elle donnera toujours, dans la suite la véritable orth-