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trant ; adieu jusque-là ; je t’embrasse de tout mon cœur, toute fâchée que je sois.

Un lanternier qui vient de raccommoder la pompe, et qui retourne subito à Villefranche, ke fournit l’occasion d’expédier cette lettre un courrier plus tôt. J’en profite et te réitère mes embrassements.

Mille amitiés du bon frère.

[1]Et vous continuerez d’aimer une femme qui vous blâme des fatigues que coûte la gloire !


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[À BOSC, À PARIS[2].]
30 mai 1786, — [du Clos].

[Par ma foi, soit à l’un ou à l’autre, vous pouvez y aller tout seul ; je m’en tiens à l’homme que vous connaissez, me moque du diable et ne crois guère en Dieu[3] ; mais une femme ne peut pas écrire le reste de ma pensée.

Vous êtes plaisant de me demander si je vous aime ; est-ce que cela vous fait quelque chose ? J’aurais presque besoin de vous voir pour vous répondre pertinemment, car toute vérité n’est pas bonne à dire ; et si j’avais continué de vous accorder mon amitié, quoique vous fussiez devenu un peu vaurien, la dignité femelle ne souffrirait pas que j’en convinsse. Faites-moi votre petite confession, si vous en avez le courage ; après quoi je vous dirai mon secret. En attendant je sais bon gré à celui, quel qu’il soit, qui protège ma correspondance avec mon mari, et je souhaite qu’on lui rende le même service près d’un objet digne de ses plus chères affections.

Quant à moi, je ne vous adresse à personne, car je crois que vous

  1. Lignes ajoutées par Bosc, en envoyant la lettre à Roland.
  2. Bosc, IV, 109 ; Dauban, II, 550 ; — ms. 6239, fol. 269.
  3. Il y a au ls. « n.c.d. en D ». C’est Bosc qui, au-dessous de la ligne, a complété le texte. L’éditeur de 1795 tenait à souligner cette boutade d’athéisme.