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nière qu’ici se réunissent les deux contrastes ; si vous n’entendez pas cela, l’inspecteur l’entendra bien.

Adieu, mes bons amis ; embrassez-vous à mon intention et aimez-vous idem. Je suis modeste, au moins !

Il est grand dommage que je sois pressée, car j’ai bien des f[olies dont je vous][1] ferais rire.


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[À ROLAND, À PARIS[2].]
Jeudi, 11 mai 1786, — [de Villefranche].

Oui, mon bon ami, j’ai reçu ta lettre d’Auxerre ; tu l’auras vu par l’une des précédentes que je t’ai écrites depuis ton départ ; tu en aurais eu de moi, dès le dimanche que tu m’écrivis de Longpont, si l’on eût envoyé à la poste ; car je t’expédiai une missive le lendemain de ton départ, le vendredi suivant, et toujours à chaque courrier depuis ce moment ; ou du moins à d’Antic, à qui seul je fis un mot hier, en le priant de faire parvenir à Luneau de Boisjermain une lettre du Doyen, qui ne sait pas plus que moi son adresse.

Tu trouveras deux paquets chez M. de Gallande ; je vais travailler à finir les notes le plus tôt qu’il me sera possible.

Toutes mes petites affaires disposées, me voilà, pour ainsi dire, le pied à l’étrier ; je pars pour le Clos avant deux heures d’ici. Eudora se porte à merveille ; je me sens active et résolue ; j’ai même repris un peu de gaîté, que j’avais si bien perdue au moment de ton départ, que je fus mezzo pazza et fort taciturne les deux premiers jours.

Je suis en peine des suites de tes fatigues ; tu vas, vas toujours et ne te reposes pas ; tu reviendras échauffé, harassé, voulant reprendre le travail de cabinet, te consumant toujours davantage, et me donnant ainsi du chagrin, à moi qui crains si fort de t’en faire Arrête-toi un

  1. Déchirure du papier. Nous essayons de rétablir le texte.
  2. Ms. 9533, fol. 91-92.