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quièteras, tu croiras les choses au pis ; elles sont au mieux. L’émétique a produit la plus heureuse révolution. L’enfant a été excessivement abattu le jour qu’il le prit, mais la fièvre diminua beaucoup, le cours naturel des urines s’établit, la nuit fut excellente, et hier il était sur ses pieds ; à plus forte raison y est-il aujourd’hui. Demain nous prenons une purgation, et tout, à ce que j’espère, sera terminé. Je reprends aussi courage et vie, je t’attends impatiemment, j’ai hâte de t’embrasser et me tourmente de tes fatigues et inquiétudes.

Je voudrais avoir une occasion pour t’expédier la présente ; je ne pourrai guère trouver que celle de Bresson ; mais, du moins, feras-tu la route en paix.

De Pombreton est arrivé cette nuit ; on n’entend rien à tout cela. J’ai remarqué, par-ci par-là dans les journaux, je ne sais quoi que je voulais te dire ; cela me reviendra quand nous causerons. J’attends si vivement ce plaisir, que je ne saurais plus rien écrire. Je t’embrasse de tout mon cœur, amico carissimo.


À cinq heure du soir.

Vincent me remet ta lettre, mon cher ami, et celles qui y étaient jointes ; j’avais reçu également, le jour indiqué, une heure après que je t’eus écrit, le paquet dont était chargé le domestique de M. Billioux. Tes inquiétudes m’affectent extrêmement ; j’aurais à te dire les mêmes choses que tu m’exprime d’une manière si touchante à la fin de ta lettre. Eh oui ! nous le savons, et nous sommes également chers et nécessaires l’un à l’autre ; conserve cette idée aussi présente que tu me recommandes de l’avoir. Je vais, cette nuit, remettre l’enfant coucher dans son lit ; je l’avais dans le mien, parce que c’était le seul moyen infaillible qu’il ne m’échappât rien de sa situation dans tous les moments. Je suis échauffée et fatiguée, mais point mal portante ; j’ai donné quelques soins à ma santé ces deux derniers jours : je compte que tu nous retrouveras toutes deux en bon état.

Lanthenas avait déjà demandé une copie du discours[1] ; je lui ai

  1. Il s’agit du Discours que Roland se proposait de mettre en tête de la seconde partie de son Dictionnaire des manufactures (voir t. III, p. i-lxiv). Il y a aux Papiers