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cela. Aussi quelquefois je suis fort tranquille, ne pouvant croire à rien de fâcheux ; puis les idées changent, et je pleure comme une folle. Le médecin se moque de moi et me dit que ce n’est rien ; mais, comme je ne regorge pas de confiance en lui, il ne me rassure qu’à demi.

Je ne suis occupée que cela et ne saurais te parler d autre chose : l’idée de l’extrait ne m’est seulement pas venue, et je l’aurais eue, que ç’aurait été en vain pour le travail.

Tu auras reçu un paquet de moi aujourd’hui, où je t’exposais l’état d’hier et t’envoyais des lettres de Paris. J’en ai beaucoup reçu aujourd’hui, de Le Monnier, de Lanthenas, de Valioud, puis des tableaux de musée de M. d’Eu ; mais je ne te fais rien passer et je le remets à mercredi, s’il y a lieu.

Je profite du domestique de M. Billioux[1] pour te donner ces dernières nouvelles et te faire passer l’exemplaire de ton œuvre encyclopédique pour l’Académie.

Adieu, mon cher ami ; je te quitte pour notre enfant, qui m’appelle et veut se reposer de son lit sur mes genoux. Adieu, je t’embrasse de toute mon âme.

Ci-joint pour envoyer à la poste.

Au milieu de tout cela, ménage-toi et songe que le pire de nos maux serait que l’inquiétude ou une fatigue outrée altérât ta santé. Mon ami ! avec toi, je soutiendrais tout encore ; mais sans toi, tout ce qui resterait est trop peu.


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À MONSIEUR, MONSIEUR ROLAND DE LAPLATIÈRE
inspecteur des manufactures, place de la charité, maison collomb, à lyon[2].
Le mardi matin, à 5 heures [11 avril 1786, — de Villefranche].

Tranquillise-toi, mon bon ami : l’état qui m’inquiétait si prodigieu-

  1. Billioux, conseiller en la sénéchaussée (Alm. de Lyon, 1784).
  2. Ms. 6239, fol. 152-153. Même observation que précédemment pour la date. —