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trouver une rescription sur Lyon et de nous l’expédier le plus tôt possible, car je suis fort équitable ou juste, et j’attends après l’argent ; mais surtout que ce soit pour Lyon.

L’ami a ses yeux toujours malades ; il écrit cependant à force, car il doit partir sous peu de jours pour une tournée dans la montagne. Adieu, nous vous embrassons corde et animo.

J’oubliais de vous dire que, parmi les gravures, nous avons des doubles et qu’il en est qui nous manquent, et que M. d’Eu a par consèquent en double ; embarras assez grand à débrouiller. C’est un travail d’éclaircir le tout et ensuite de rendre à chacun ce qui doit lui revenir.


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[À BOSC, À PARIS[1].]
2 août [1785, — de Villefranche].

Enfin me voici ayant devant moi une demi-heure jusqu’au dîner, et vous destinant cet intervalle pour que vous ne répétiez pas : « C’était bien la peine de se retirer en province ! »

Vous saurez d’abord qu’avant-hier je me mourais, qu’hier j’étais languissante, qu’aujourd’hui je me porte à merveille, que je suis gaie comme un pinson et des plus éveillées.

Demandez-moi pourquoi ? Je n’en sais rien ; c’est comme cela, voilà tout ; et qui se représente une succession continuelle d’une grande activité et d’un abattement extrême voit l’histoire de ma santé. Mon bon ami a pris des lunettes, je vous l’ai déjà peut-être dit ; ses yeux sont un peu mieux, sans être guéris ; il use des bains depuis peu de jours ; mais des affaires et puis des affaires reviennent sans cesse le harceler ; tantôt c’est l’administration aveugle et tâtonnante, édifiant d’une main, abattant de l’autre, demandant toujours des avis et n’en suivant aucun ; tantôt ce sont les Académies, auxquelles il faut débiter de jolies choses lors même qu’on en a le moins d’envie ; tantôt les relations utiles ; tantôt les correspondances agréables qu’il faut cultiver avec un

  1. Bosc, IV, 94 ; Dauban, II, 534.