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qu’il a reçu ses patentes de Dijon ; écrivez-lui donc et faites-le parler, s’il n’est pas mort[1].


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[À BOSC, À PARIS[2].]
18 mai [1785, — de Villefranche].

Et moi aussi, je me donne les airs d’envoyer des plantes, non pour faire des expériences de teinture, mais pour savoir leur nom et vous donner idée de la botanique de nos cantons. Je suis devenue d’une ignorance crasse sur l’article, et j’ai tant de petites affaires, que j’aime mieux que vous me disiez les choses que d’employer mon temps à les chercher dans les livres. Le lichen ou la mousse de mon petit paquet a été recueilli sur les murs d’une fontaine où Eudora va souvent se reposer et dont elle boit de l’excellente eau ; cette fontaine a le nom de Belle-Roche, du domaine auquel elle tient, domaine et petit château appartenant au doyen de ce chapitre chez qui nous avons été passer la journée d’hier[3]. La fleur jaune appartient à un arbrisseau épineux, fort commun dans les bois des environs de la ville, et qu’on dit fort bon pour les bestiaux quand les épines sont tombées, ce qui arrive à mesure que la fleur se passe. Les deux autres petites plantes ont été autrefois de ma connaissance ; rien n’est plus commun dans les bois : j’ai su cela sur le bout de mon doigt ; je l’ai oublié ; je veux le savoir de nouveau sans le rapprendre ; ainsi dites-moi vite noms, surnoms, classe, genre, etc.

Voilà donc La Blancherie rouvrant son salon quand je ne suis plus à Paris, et devant aller à Amiens parimente : pour le dernier article, encore passe ; mais il me fâche de n’avoir pas vu ce salon avant de m’être reléguée. Adieu, bonsoir ou bonjour, je suis pressée et je m’en vais.

  1. Au bas du texte publié par M. Dauban, il y a : « Non signé. Écriture de Madame Roland de la Platière. Signé : Bosc » On voit par là que cette lettre est une de celles que Bosc avait données à des ami, en certifiant l’écriture de l’autographs.
  2. Bosc, IV, 91 ; Dauban, II, 531.
  3. Bernard-Pierre Chatelain Dessertines propriètaire du joli château de Belleroche, aux portes de Villefranche. La petite fontaine, renommée pour guérir les maux d’yeux, était, au temps de votre jeunesse, bien connue des promeneurs et des écoliers de la Ville.