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trera encore ici à son passage très prochain ; il va rejoindre, et il a ordre pour le 1er avril.

Ce bon Despréaux est toujours le même : toujours sensible et aimant ; je lui écrirai quelque jour.

Autre affaire, dont il faut bien s’occuper aussi. J’ai combiné mon dîner, mais le froid rend tout rare ici ; il faut tirer de Lyon :

1° Un bon lapereau pour mettre en terrine ;

2° Une anguille d’au moins deux livres, ou bien, si elle était par trop chère, deux anguilles d’environ une livre et demie chaque. La première serait mieux, c’est pour accompagner le lapereau ;

3° Une douzaine de bécassines, pour la seconde terrine ;

4° Trois beaux pigeons pattus à rôtir, ou, à leur défaut, un canard sauvage.

Il faudrait que Saint-Claude cherchât ces objets et qu’ils me fussent envoyés tout au commencement de la semaine, ce qui pourrait se faire, même dimanche, par Bresson[1]. À moins que tu ne comptes toujours renvoyer alors Saint-Claude. S’il vient aussitôt et qu’il doive retourner te joindre, il n’apporterait l’anguille qu’à son dernier voyage ; mais il s’assurerait des moyens d’en trouver, parce que je ferai fonds là-dessus ;

5° J’aurais aussi voulu des écrevisses pour entremets ; si elles sont petites, il en faut un demi-cent ; je crois que c’est au compte qu’elles se vendent ;

6° J’ignore le prix des truffes noires, fraîches ; s’il n’était pas exorbitant, j’en prendrais pour le pendant des écrevisses.

Si quelque chose vient par Bresson, il faut surtout ne pas oublier l’adresse, qu’on mettrait sur un panier bien ficelé où serait la marchandise.

Ne te donné-je pas là de jolies affaires ? Ménage et chiffons ; c’est bien spirituel tout cela !

  1. On verra, par les lettres suivantes, que Bresson était le voiturier de Villefranche à Lyon, et réciproquement.