Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/579

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous regardant au miroir mille fois pour une ? C’est précisément votre portrait, dans le genre de Callot.

Mais, à propos, dites-moi donc quelque chose du Lavatérisme et de vos progrès ; vous ne m’en parlez plus, actuellement que je prends mieux que jamais intérêt à tout ce qui y est relatif.

Vous espérez donc exercer votre science sur ma figure ? Je vous préviens que vous pourriez mieux choisir vos sujets, et que, si les choses continuent, c’est un télescope qu’il vous faudra pour distinguer les phénomènes de ma pleine lune. Êtes-vous toujours bien maigre, avec un nez de bon cœur et une bouche un peu… Je ne veux pas dire ! Rappelez-vous bien qu’un grand principe de notre maître est que la bouche indique l’état moral actuel, et que c’est là qu’on doit lire les progrès de la vertu. Vous autres, gens corrompus des villes, n’y verriez que tout autre chose. Adieu, car l’heure me presse, et je bavarde sans raison ; salut et amitié, bonnement et à jamais.


174

[À BOSC, À PARIS[1].]
Le 19 janvier 1785, — [de Villefranche].

Si vous étiez moins triste, mon pauvre ami, ou que ce fût pour de moins fortes raisons que celles dont votre avant-dernière nous donne connaissance, je vous gronderais bien sur votre dernière lettre, écrite au revers de celle de la comtesse[2] et presque aussi sèche que la sienne. Je me bats l’œil de celle-ci ; car enfin je ne connais guère la personne et il n’est question que de ses propres intérêts ; mais ce qui vient de votre part ne saurait m’être indifférent.

Je ne sais pas mieux que vous les objets à traiter avec M. Audran, quoiqu’on en ait bien causé devant moi ; il faudrait une liste détaillée

    vant l’adresse, a lu ou du moins a imprimé d’Astic pour d’Antic. — La lettre n’est pas datée, mais en la rapprochant du début de la lettre suivante, nous la croyons du même temps.

  1. Ms. 6239, fol. 253-254.
  2. Voir lettre du 15 décembre 1784. Nous ignorons à quelle comtesse se rapportent les allusions de ces lettres et des quelque lettres suivantes.