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Imaginez qu’il veut nous jouer le tour de partir subito, parce qu’il est en peine de ce qu’on peut lui avoir mandé ; je trouve meilleur et plus sage qu’il l’apprenne ici ; il se décidera après. Sus donc, courez et faites partir. Autre chose, pour le même voyage, s’il est possible : faites savoir au libraire, M. Visse, qu’il garde l’exemplaire de M. Roland de la dernière livraison encyclopédique, parce que, s’il l’expédie avec ceux de MM. d’Eu et de Vin, cela ne nous arrivera qu’au moment où tous nos livres seront emballés ; il vaut mieux que nous le prenions à notre passage à Paris.

Vous avez fait une longue et jolie lettre à M. d’Eu, qui nous dit aussi que vous lui aviez écrit dans notre absence comme si vous ignoriez qu’il fût avec nous. Cela m’a paru bien plaisant, à moi qui vous ai écrit tant de fois que je partais avec lui tête-à-tête pour rejoindre l’inspecteur sur la côte où l’avait conduit sa tournée.

En vérité, on voit bien que vous déchirez vite vos lettres après les avoir reçues, et que vous ne les lisez pas deux fois. Venez donc vous plaindre ensuite de n’en pas recevoir assez souvent ! Mais je vous prie bien fort de ne pas oublier le commencement de celle-ci, et je vous donne un gros soufflet de deux de mes doigts pour vous y faire songer.

Vous aurez reçu mon fameux Journal et toutes nos bucoliques.

Aimez-nous un peu, c’est-à-dire fort et ferme, comme nous vous embrassons tous trois.


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[À BOSC, À PARIS[1].]
Mercredi, 18 août 1784, — [d’Amiens].

Dans un cabinet délabré, au milieu de caisses, malles, ballots, etc., je me dépêche de vous dire que l’ami Lanthenas n’est point parti hier, mais qu’il partira demain. Je ne sais où vous aviez la tête d’envoyer à Londres des lettres de change à recevoir à Paris ; cette imagi-

  1. Collection Alfred Morrison, 1 vol.