Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/533

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à celui à qui elle était destinée, parce qu’il y voulait M. Villard et qu’en définitive il le voulait à Amiens où je crois fort qu’il l’a fait venir. À mon retour de Versailles, j’ai trouvé une lettre de Mlle  de la B[elouze] qui me fait offre de services d’argent pour la considération de la prolongation de mon séjour ; elle se reproche de ne l’avoir pas fait plus tôt ; elle y met beaucoup d’amitié, et m’ajoute en confidence (c’est son expression) que, par les détails qu’elle a reçus de la personne qu’elle avait chargée de parler à M. Bld. [Blondel], elle voit qu’on te regrette beaucoup pour ton ancien département. Aujourd’hui, j’écris ici et là ; je vais au Jardin du Roi ce soir avec l’ami d’Antic ; demain, je vois M. de Mt [Montaran], Mlle  de la B[elouze], je parais chez M. de V[in], au secrétaire, que je ne connais pas encore, parce qu’il faut se ménager tout ; si je ne parle au maître, j’aurai une lettre en poche pour lui. Puis je verrai tes imprimeurs ; je finirai quelques emplettes ; je prierai le frère de passer chez de La Dreux ; je règle, je fais mes paquets, tu sais quand je pars. Je me porte mieux ; j’ai bien soutenu le voyage : c’est presque une folie de s’arrêter, car on sent son mal bien davantage. Au reste, c’était forcé pour dimanche. Ne me fais point de querelle de n’avoir rien dit del medico, je ne l’avais point encore vu lorsque je t’écrivis ma lettre le dimanche au soir. Adieu, je suis pressée, je t’embrasse corde et animo.

Suit, au manuscript, la lettre que voici de l’abbé Gloutier à Madame Roland. C’est sur les pages blanches de cette lettre qu’elle a écrit la sienne.

J’ai bien partagé. Madame, l’impatience avec laquelle vous avez sûrement attendu la réponse du Ministre. J’ai voulu plusieurs fois vous écrire, mais j’ai pensé que mon zèle vous était assez connu pour ne pas craindre d’être soupçonné de négligence. M. de Saint-Romain n’a présenté que mercredi l’affaire à M. de Vergennes. J’ai été moi-même savoir le résultat de son travail ; il m’a paru qu’il avait fait très bien valoir les titres et les services de M. de Laplatière et la satisfiction du contrôleur général ; mais il ne m’a pas dissimulé qu’il fallait de la patience. Mme d’Arbouville s’est empressée de demander une audience particulière et ne l’a obtenue que ce matin. M. de Vergennes avait très présent le compte avantageux qu’avait rendu son premier commis, la lettre de M. de Calonne et l’intérêt qu’y prenait Mme d’Arbouville. Après lui avoir répété les difficultés qu’il y avait à obtenir des lettres de noblesse et la répugnance surtout que le Roi avait à en accorder, il a ajouté que, quand on avait à cœur de faire réussir ces demandes, il fallait attendre et épier les circonstances favo-