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Je fais effort pour quitter cet affreux spectacle, et t’observer que je t’ai mandé jeudi que j’avais remis la lettre de Flesselles à M. F[aucon] ; tu sais ce que celui-ci se propose. Je vais demain à Versailles, je vois où en sont les choses, je visite Mme d’Arb[ouville] et, suivant les dispositions, je reviens ici voir quelques gens, j’arrête ma place pour vendredi à la diligence, et je t’embrasse d’aujourd’hui en huit jours ; à l’heure qu’il est, je n’espère pas en avoir pour le mardi. D’ailleurs, je ferai mes visites de remerciements, d’adieux, etc. Mande-moi vite si tu voudrais cette sous-division de copie pour finir de faire imprimer le texte avant de démarrer ; cela est difficile à concilier avec le voyage. À propos de celui-ci, tu ne peux pas te promettre la tournée d’Angleterre avec M. Dezach. Mais, mon ami, les vendanges en Beaujolais !… Si tu es content de cela, nous le devons bien à M. Rousseau ; car, sans son avis ou une minute plus tard, il n’y fallait pas songer.

Que fait donc Eudora ? Est-elle propre la nuit ? Combien je la trouverai grandie ! Qu’elle ne soit pas couchée quand j’arriverai ; je veux goûter tous mes biens, être dans tes bras et prendre Eudora dans les miens, ô juste ciel ! Hâtez-vous donc, moments délicieux ! Adieu, mon cher ami ; encore une grande semaine à passer, la plus longue de toute ma vie ; je t’embrasse, je suis toi.

Mes amitiés au brave Flesselles ; souvenir affectueux au docteur ; honnêtetés au reste.

Il y avait vingt-trois ans que Brisson avait proposé un projet d’inspecteurs ambulants, et tu vois que ce n’est pas pour ses beaux yeux qu’on a songé à l’exécuter.

Tout est fini pour les commissions, on n’a eu rien à changer avec le ministre, parce qu’on s’est contenté de gratter les noms pour faire servir les mêmes signatures : ainsi l’arrangement d’hier est le dernier.


P.-S. de Lanthenas.

Eh bien ! mon ami, voilà une affaire emportée d’emblée. Le voyage de votre moitié, votre longue séparation, n’aura pas été sans aucun succès et vous pourrez toujours lui donner ce motif quand l’autre affaite manquerait. La chère sœur