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M. de Mt. [Montaran]. J’ai toujours voulu en demander des nouvelles, et toujours cela m’a passé au moment de le faire. Mlle  de la B[elouze] ma parlé aujourd’hui de ta lettre ; Cott[ereau] m’a dit aussi, d’un air de reconnaissance, qu’il avait reçu de toi une lettre infiniment honnête, etc. Stoupe et Cellot n’ont qu’environ dix feuilles, l’un pour arriver aux imprimés, l’autre pour avoir fini, et tu seras tranquille pour ces deux à l’époque indiquée. Prault en a encore trente, et devra nécessairement rester en l’air ; car l’idée d’une subdivision de sa copie qu’avait eue Panckoucke ne peut se réaliser sans désordre dans les pages qu’il sera impossible de coter de suite. Cependant, si tu dois aller à Lyon, il sérait bon peut-être d’accélérer en cet instant.

J’écrirais à M. de B[ray] dont je n’entends plus parler. Croirais-tu que l’idée du magnétisme m’a troublée dans ta transplantation : comment te voir éloigner d’un moyen dont tu espères, dont tu éprouves du bien ? Mais il y aura bientôt quelqu’un à Lyon, car actuellement un chimiste de cette ville s’instruit chez Mesmer.

Je souris à l’idée de la surprise que tu peux produire chez toutes les personnes à qui tu vas avoir plus particulièrement affaire, qui sont imbues que tu es un homme difficile, par la bonhomie, le liant que tu leur feras trouver. En vérité, il y a de quoi faire révolution et faire apprécier le petit chat. Sais-tu que je ne sais quelle opinion avoir de M. de Cal[onne], depuis qu’il me semble que ce chaton a du crédit ?

Ce brave Flesselles ! il sera affligé si tu pars ; il sera le seul être que je regretterai à Amiens. Je ne donnerais pas de tous les autres une pipe de tabac ! Mais pour que tu trouvasses quelqu’un comme lui à Lyon, je ne sais ce que je donnerais pas. Cependant le bon docteur d’Hervillez aura aussi un soupir ; je n’oublierai pas sa droiture, sa douceur ; il me coûtera de ne plus l’avoir. Si c’était M. Villard qui te remplaçât, ce ne serait pas mal. Sur toute chose, mon ami, prends de tes nouvelles affaires avec modération ; faisons à notre aise, jouissons de quelque paix, ménageons la santé. Tu n’as pas d’idée de mon agitation, du besoin que j’ai de recevoir une lettre qui me peigne ce que tu juges, ce que tu sens de cette autre destination. Mais je m’aperçois que cette